mercredi 24 avril 2013

La Sauvegarde de Dar Chérifa




La Sauvegarde de Dar Chérifa 


Dar Cherifa: maison d'hôtes, café littéraire, galerie d'art


A Marrakech, en matière de sauvegarde du patrimoine, l'initiative privée est souvent le moteur d'actions d'envergure dont la ville et ses usagers, habitants ou touristes, sont bénéficiaires. Si dans les actions publiques, la lisibilité est réelle et fait l'objet d'un cadre défini, qu'en est-il de l'action privée qui s'exerce sur des espaces publics ou domestiques qui n'ont pas statut de monument ?

Rarement architecture a dispensé un tel attrait. Qu'ils soient marocains ou étrangers, mécènes, créteurs, touristes, aventuriers, connus ou anonymes, tous succombent un jour aux charmes exercés par les murs de la médina. Laissées à l'abandon en raison du coût de leur entretien ou pour des modifications du mode d'habiter, les grandes demeures de la médina étaient vouées au morcellement. Rachats successifs et pression de la demande en logement les ont transformés jusque dans leur structure. Depuis quelques années, leur prix attractif, souvent multiplié par dix ou vingt, semble freiner le phénomène d'exode et de paupérisation de la médina. Dans les années 90, le mouvement s'est amplifié pour devenir une mode dont la cité tire des bénéfices certains. Ce nouvel intérêt pousse quelques propriétaires à ne plus quitter la vieille ville et même à revenir y vivre. La multiplicité des expériences menées : maison d'hôtes, café littéraire, galerie d'art... laissent croire à l'émergence d'un défi à relever, la transmission par des particuliers de la culture et du patrimoine comme fil d'Ariane pour la connaissance d'une ville.

"Je marchais lentement pour ne pas déranger les couches de temps accumulées ". C'est avec cette approche qu' Abddelatif Ait Ben Abdellah s'est appliqué à relever le pari fou de donner une nouvelle vocation à la Chérifa, dar de l'époque saadienne, en la transformant en café littéraire. Depuis longtemps, il a fait son métier de la vente, de la location, de la recherche ou de la restauration des maisons ou des palais de la médina.
Il en connaît chaque espace mais celui-ci a retenu particulièrement son attention. Il lui a semblé que cette maison proche de la mosquée Mouassine recelait encore.

" En un mot , sans autre moyen que du bois sans apprêt et des murs nus, l'on a aménagé un espace en retrait où les rayons lumineux que l'on y laisse pénétrer engendrent, de ci de là, des recoins vaguement obscurs. Et pourtant en regardant les ténèbres tapies derrière la poutre supérieure, à l'entour d'un vase à fleurs, sous une étagère, et tout en sachantque cene sont que des ombres insignifiantes, nous éprouvons le sentiment que l'air, à ces endroits-là, renferme une épaisseur de silence, qu'une sérénité éternellement inaltérable règne sur cette obscurité."

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